RÉSUMÉ DE L'HISTORIQUE DU SITE
Sur toutes les archives officielles consultées, le domaine militaire du LRBA est une zone forestière sur laquelle on distingue toutes sortes de chemins rectilignes :
- route des Pénitents, - route François 1er, - route des Bouches Manon, - route de Sainte Lorette, - route de la Madeleine.
Au XVIème siècle, François 1er est plusieurs fois venu chasser dans les environs, et il logeait au manoir Salverte à Heubécourt, c'est pourquoi son nom a été donné à un de ces chemins.
L'emplacement de la champignonnière est noté "les gros fours". L'emplacement de l'amicale est noté "maison de gardes". La côte Saint Michel y est notée, et le mont Roberge est noté partout "le Moroberge". L'allée Principale, du Stop au mess, n'existe pas. La route devant la champignonnière est plus courte et ne va pas jusqu'à la route de Magny.
A compter du cadastre napoléonien (1826) la zone du LRBA est nommée officiellement sur les plans "forêt de Vernon".
A part les chasses de François 1er vers 1540, rien ne se passe dans notre domaine du moins en surface, car en son sous-sol règne une activité intense représentant une des plus grosses activités de Vernon au XVIIIème et au XIXème siècle : l'exploitation des pierres. Le 25 août 1678 des architectes du roi sont envoyés à Vernon sur les ordres de Colbert pour visiter les carrières et évaluer la qualité des pierres, celles-ci servant à la construction de nombreux édifices. Les carrières atteignent des dimensions tellement impressionnantes que vers 1840 deux troupiers de la garnison de Vernon s'y perdent, et furent retrouvés plusieurs jours plus tard nus et mourants car ils en étaient arrivé à brûler leurs habits pour tenter de retrouver la sortie dans la pénombre. Pendant la 2è guerre mondiale elles servirent de refuge aux Vernonnais qui y montèrent leurs meubles et s'y installèrent.
En 1928 les établissements Brandt s'installent sur le plateau pour y charger des obus de mortier. Le bâtiment administratif date de cette époque et est plus court que l'actuel. Le champ de tir s'étend de l'ouest de l'actuel enclos des ruches jusqu'à l'école maternelle, il est longé de "blockhaus" de contrôle de tir. Un ballon dirigeable sert à monter des obus et à les larguer d!une quarantaine de mètres de haut. Ce ballon se situait approximativement au niveau du 2 allée principale. En 1936 l'usine est rachetée par l'État et nommée AVN (Ateliers de VernoN).
En 1940 les Allemands envahissent le site et veulent en faire une usine de roulements à bille. Ils récupèrent les obus, construisent des bâtiments et font apporter un acier spécial. Cette usine ne sera jamais terminée car bombardée par les Anglais (sauf le bâtiment de l'administration) en mai et juin 1944. Malgré la destruction de l'usine, les allemands restent sur place pour utiliser les obus de mortier et surveiller Vernon ; l'emplacement du banc et la route des carrières sont des points de vue stratégiques sur lesquels sont installés des canons antiaériens et des mitrailleuses. En 1942 les Allemands envoient un courrier à la kommandantur à Rouen pour demander que soit créé au niveau de la cité de la Madeleine, un "camp de jeunesse pour les jeunes Français", mais ce projet n'a pas abouti. Août 44, arrive par Pacy sur Eure une division blindée anglaise commandée par Montgomery. Ce dernier s'installe pour 24 h dans le pavillon Bourbon-Penthièvre le temps de se renseigner sur la manière dont les Allemands surveillent le pont flottant. Le lendemain la division traverse le fleuve et y perdit beaucoup d'hommes, d'où le monument avec une colombe en bord de Seine. La DB se sépare en 2 pour atteindre "la forêt" par les routes de Gisors et de Magny, et libère notre quartier de l'occupation allemande. Dès 1945, le gouvernement crée une commission d'enquête chargée de chercher en France un site pour un laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques. L'ingénieur général Libessart est à la tête de cette commission. Les essais de V2 étant TRÈS bruyants, cette commission d'enquête cherche un site à l'écart des habitations et retient comme emplacement le gouffre de Bède à côté de Grammat. Les essais de moteurs devaient se faire dans le gouffre. Le seul inconvénient est l'alimentation en eau. Des forages sont alors réalisés, des pompes installées. Mais un jour, un violent orage intervient, et inonde le gouffre: le site est abandonné. L'ingénieur général Libessart oriente alors son choix vers une bute, à l'écart d'une ville, sur un terrain militaire alimenté en eau par une station de pompage datant de 1938-39: Vernon. Le 17 mai 1946 est créé le LRBA, son 1er directeur fut l'ingénieur Libessart. 155 ingénieurs allemands viennent travailler au LRBA. On manque de bâtiments, et les ingénieurs travaillent dans leur chambres. Un dortoir et une cantine sont aménagés à l'étage du bâtiment administratif. Fin 46, de nouveaux locaux sont construits, ce qui permet en 1947 la venue d!autres ingénieurs allemands travaillant sur un projet de soufflerie supersonique. L'acier spécial apporté par les Allemands pour la fabrication des roulements à bille sera utilisé pour la fabrication du socle du point fixe PFI.
Pendant deux ans, deux projets s'affrontent :
- doit-on refaire des V2 ? (de 46 à 48 ; projet Super-V2), - ou doit-on tout recommencer à zéro en demandant aux allemands de former les français en repartant des bases ?
C'est cette 2ème solution qui s'est finalement imposée. En 1948, le camp E compte 3 bâtiments longs, 4 petits pavillons doubles, 1 bâtiment composé de chambres seules, et 1 composé de 7 chambres doubles. Puis la Citée de la Madeleine est aménagée et des personnes commencent à aller y habiter.
Après les quelques pavillons construits allée Principale, sont construits ceux de l'allée des Stands, puis le tennis. Début des années 50 sont construits tous les pavillons du plateau. Une école maternelle est installée au 15 allée des Stands, et y restera jusqu'en 1952, date à laquelle elle est transférée à l'intérieur du LRBA vers l'actuelle menuiserie, où elle servira également de centre aéré appelé "patronage" durant les mercredis et les vacances scolaires. Le CP et le CE1 sont à la Madeleine.
Le refroidissement des moteurs de soufflerie nécessitent l'agrandissement de la station de pompage, la soufflerie sera finie de construire en 1951. Les contrats de travail signés par les ingénieurs allemands n'étant que de quelques années, nombreux sont ceux qui repartent en Allemagne vers 1952.
Des V2 qui avaient des poussées de 25 tonnes, les français se mettent à concevoir des moteurs plus petits et commencent tout d'abord par le missile PARCA (Projectile Autopropulsé Radioguidé Contre Avion). Puis la fusée Véronique (de 48 à 74), puis Vesta, puis Viking, puis Vulcain et un jour Vinci. Toutes ces fusées et ces moteurs commencent par un "V" venant de Vernon. Il y eut aussi la série des pierres précieuses : rubis, topaze, émeraude, diamant. Les tirs se faisaient du sud de l'Algérie, à Colomb-Béchar, sur le centre de tir d'Hammaguir. Les accords d'Evian permettant d'y continuer les essais jusqu'en 1967.
Il y eut également le projet européen Europa, dont les fusées étaient tirées de la base de lancement de Woomera en Australie. Le 1er étage Blue-Streak était anglais, le 2ème étage Cora était français, le 3ème étage Astris était allemand. Pour essayer leur moteur Cora, les Français construisirent la fusée Coralie. Un exemplaire exposé à la SNECMA est visible des bâtiments situés à l'ouest du LRBA. Autant Véronique et Diamant n'avaient été que des succès, autant Europa 1, Europa 2 et Europa 3 ne furent que des échecs de par le manque de coordination entre pays.
En 1971 le gouvernement sépare la partie propulsion du LRBA étatique, les activité civile reprise par la SEP. Le LRBA conserve et développe les activités militaires, tels : guidage, pilotage, inertie et navigation. A l'époque plus de 100 personnes travaillent à la soufflerie. Les 1000 employés de l'ex LRBA sont alors séparés en 2 groupes de 500 personnes. La séparation se passe mal, les employés de la SEP manifestent à Vernon, en plein échec Europa à la fin de ces fusées en 72 : y a-t-il un avenir à travailler dans le domaine des fusées ?
Le 20 décembre 1972, après 10 h de négociations, Valéry Giscard d'Estaing décide de débuter le développement du lanceur L3S, qui démarrera en 1974 et deviendra le lanceur Ariane.
En 1970 sont construits les immeubles, et en 1976 l'école maternelle du LRBA est transférée à l'école de la Forêt. En 1981 le CP et le CE 1 de la Madeleine sont transférés au Clos des Moines (bâtiment qui se trouvait à côté du tennis de l'allée Véronique), et la cité de la Madeleine est fermée en 1983.
Ensuite, c'est l'alimentation COOP qui se trouvait au CA13 qui est fermée et remplacée par la gendarmerie, puis en 1984 l'école du Clos des Moines qui sera remplacée par l'amicale.
En 1999 la soufflerie C4 est arrêtée, le tunnel de tir en 2000, et le site de la soufflerie est fermé en 2002. |